Cette année le festival de l’Escaouette ne sera pas le même. Confrontés à la réalité de la pandémie, les artistes et organisateurs ont dû d’adapter en créant un festival virtuel.

Chester Delaney joue au violon depuis 57 ans. Figure importante dans le circuit de musique acadienne, il s’apprête cette année à explorer des nouveaux horizons. "J’ai joué dans le festival à toutes les années, " dit-il. "J’ai joué avec beaucoup d’artistes. C’est la première année que je ne vais pas pouvoir faire le festival puis la fête du Canada le premier juillet pour ce COVID-19, la maladie qui se passe aujourd’hui. On a été obligé de mettre ça sur Facebook. C’est pour que le monde puisse watcher ça."

La Société Saint-Pierre a décidé de lancer le gala virtuel en voyant l’intérêt du public pour des concerts qu’elle a offert sur Facebook Live ce printemps. Jérémie Poirier, qui s’occupe de la programmation, dit que l’organisation a été agréablement surprise. "On a vu qu’il y avait beaucoup de personnes qui visitaient nos pages, notre site web, notre page Facebook, et YouTube," dit-il, "et alors ça nous a appris de travailler d’une autre manière qu’on ne travaillait pas avant."

En tant qu’organisme sans but lucratif, la Société Saint-Pierre reçoit du financement de l’Agence de promotion du Canada Atlantique (APECA) et d’Héritage Canada. Avec la pandémie, on lui a demandé d’étirer le budget de 2 ans en 3, explique Lisette Bourgeois, directrice générale. La Société a dû limiter la taille et quantité d’évènements publics, non seulement pour des questions budgétaires, mais aussi en raison des règles de distanciation sociale.

Ç’a été une saison difficile pour les artistes de Chéticamp. L’annulation de concerts et la diminution du flux touristique ont certainement limité leurs revenus. La Société Saint-Pierre a donc voulu les soutenir. "On avait eu des discussions de peut-être prendre le funding qu’on a reçu puis l’utiliser l’hiver prochain quand la pandémie sera peut-être plus relaxe," dit Nicole LeBlanc, directrice artistique du festival. "Mais on a eu la discussion puis on a dit, mais pourquoi ne pas offrir l’opportunité aux artistes d’offrir un petit de quelque chose dans le temps qu’ils ont plus besoin? Parce que tout ce monde ici, c’est du monde qui joue au Doryman, Laurie’s, Harbour, Le Gabriel, puis ils n’ont pas nécessairement ça. Ça fait que si on peut leur aider, eux, ça leur donne une opportunité durant la pandémie pour faire un petit peu de cash puis d’être créatifs."

Le nouveau format virtuel est compris de concerts filmés devant des paysages de Chéticamp et vidéos d’archives, le tout rassemblé par l’animation de Ronald Bourgeois. Mais le montage de 90 minutes ne sert pas seulement à éviter les grands rassemblements. À travers le web, le festival donne accès à la musique acadienne aux admirateurs d’ici et d’ailleurs mais surtout, aux prochaines générations.

"Nos amis comme Chester, par exemple, puis Sylvia [Lelièvre], " dit LeBlanc, "vont avoir un beau vidéo avec du bon son, bonne qualité, qui va être là pour pouvoir partager puis si on va sur YouTube puis qu’on écrit ‘musique Chéticamp,’ on espère que ça va être ça qui va être là en premier parce qu’on veut pas perdre ça. Il y en a qui nous ont quitté trop tôt puis on n’a pas eu la chance de garder cet footage-là. … Moi, j’enseigne la musique à l’école et des fois je parle de Chester, je parle de Sylvia, puis j’essaie de trouver une vidéo pour matcher la description que je donne mais le contenu n’est pas là. Donc, là je pourrai aujourd’hui dire, regarde : Chester!"

Le gala sera disponible gratuitement sur Facebook ce dimanche à 20h, sur la radio communautaire de Chéticamp, CKJM et sur les ondes de CHNE, sur la chaîne 28 de Chéticamp.