Le gouvernement du Canada a rétabli l'obtention d'un visa obligatoire pour les Mexicains. Cette mesure a été remise en place pour contrer les demandes d'asile non fondées en provenance du Mexique qui ont explosé depuis son interruption en 2017. Mais cela risque de compliquer les démarches pour les travailleurs temporaires, notamment dans la MRC de l'Érable.

Silvana Suárez – Initiative de journalisme local

Cette nouvelle a soulevé l'inquiétude de la communauté mexicaine dans la région de l'Érable quant à la manière dont elle affectera les travailleurs qui ont déjà un contrat de travail, mais qui va bientôt venir à échéance.

Sonia Gagnon, consultante en immigration, nous a expliqué qu’il « est important de savoir que les travailleurs qui sont déjà dans la région ne seront pas touchés par cette mesure, car toutes les personnes qui ont déjà un titre de travail ou d'études valide, leur ETA (Autorisation de voyage électronique) restera valide ».

Cependant, il faut tenir compte du fait que lorsque cet « ETA expirera, le travailleur devra alors demander un visa, mais ce sera jusqu'au moment de l'expiration », a-t-elle précisé.

L'ETA était le permis que les Mexicains devaient avoir avant le 29 février 2024 pour entrer au Canada et qui ne nécessitait aucune information personnelle pour être accordé. Le gouvernement du Canada a imposé le retour de cette mesure à cause des demandes d'asile abusives en provenance du Mexique. Par exemple, en 2017, il n'y a eu que 250 demandes d'asile au Canada comparativement à l'année suivante où 17 000 demandes ont été déposées.

La recommandation de Sonia est que tous les travailleurs mexicains qui sont déjà au Canada devraient anticiper l'expiration de leur ETA et commencer à effectuer une demande de visa et ainsi ne pas perdre la stabilité d'emploi qu'ils ont déjà.

Mexicains de la région de l'Érable

Pour Nancy Santos, propriétaire du seul restaurant mexicain de la région de la MRC de l'Érable, la nouvelle mesure gouvernementale affectera l'économie de son entreprise « puisque plusieurs de mes clients sont des touristes mexicains et il leur sera plus difficile d'entrer au Canada. »

D'autres Mexicains comme Isamel Saldana ont jugé la mesure nécessaire. « De nombreux Mexicains n'ont pris que cette aide que le gouvernement canadien nous donne pour pouvoir déménager aux États-Unis et je crois que c'était une erreur », a-t-il expliqué.

De même, Amber Patlan a soutenu la mesure bien qu’elle soit personnellement touchée.

« D’un côté, c'est bien parce qu'il y a des enfants qui viennent demander refuge ici et qui n'en ont pas besoin et qui viennent mentir alors qu'il y a d'autres personnes qui ont un vrai cas et qui sont rejetés, mais d'un autre côté, ma mère voulait amener ma grand-mère (...) et maintenant avec ce visa je ne pourrai plus avoir ma famille ici », a-t-il dit.

Plusieurs entreprises de la MRC de l'Érable ont bénéficié de l'arrivée de centaines de Mexicains de la région pour faire face à la pénurie de main-d'œuvre, mais avec des démarches plus compliquées, certains jugent que cela pourrait affecter l'économie de la région.